mardi 24 février 2009

christian marclay



Christian Marclay, Record Players et Guitar Drag
Plasticien et performeur, Marclay est de ces artistes qui va très tôt considérer l’objet-disque mais aussi le son qui en provient comme une matière qu’il est possible de sculpter et de façonner. On peut s’en rendre compte à l’écoute de ses disques (comme ici quand il réinterprète John Cage) mais aussi en visionnant les vidéos qui rendent compte de ses performances. Record Players peut être considérée comme une sorte de manifeste où l’artiste, d’humeur joyeuse, explique par le geste que l’on peut jouer d’un disque de mille et une manière. Et que cela fait aussi de la musique.

Guitar Drag, elle, est une vidéo plus inquiétante. On y voit l’artiste attacher solidement avec une corde une guitare Fender raccordée à un ampli installé à l’arrière d’un pick-up. Pendant quatorze minutes on contemple ensuite la voiture traîner l’instrument sur les routes et les chemins de campagne du Texas. Le son qui sort alors de l’ampli est cataclysmique. Du moins l’imagine-t-on car le son de Youtube ne rend évidemment pas hommage au terrible mur de larsens qui semble se construire. Il reste que l’on est vraiment happé par le spectacle. Et on s’interroge. Faut-il y voir une enième performance Fluxus sur la destruction des instruments (Cliquez ici pour un exemple) ? Une métaphore du rituel bris de guitare par Pete Townsend à la fin d’un concert des Who ? Ou alors le message est-il plus politique ? Doit-on y voir un écho à l’exécution raciste (les traditions ne se perdent pas dans le sud) de James Byrd, assassiné de la même manière sur les routes texanes en 1998 ? Les musiciens eux pourront simplement y voir une improvisation pour guitare, camionnette et paysage, un vol plané punk et métaphysique d’une guitare qu’on aimerait, pour l’éternité, en apesanteur.

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